J'aime bien être seule. Je veux dire, être vraiment seule. Dans un
endroit que je connais peu ou pas, avec des gens que je n'ai jamais vus
avant. Le téléphone loin, internet encore plus. Ne pas prononcer un mot
pendant toute une journée, faire ce que je veux, quand j'en ai envie.
Pendant toutes les vacances et toute l'année scolaire,
j'ai été avec au moins une personne. Jamais je me suis retrouvée seule
plus de quelques heures (sauf la nuit, hein, et encore) : entre la
fanfare, les journées/soirée/nuits à travailler à plusieurs, les soirées,
et maintenant la coloc (oui, parce que je suis en coloc maintenant,
avec un appart trop cool et une coloc encore plus chouette). Peu de
moments pour moi, à ne rien faire, à écouter de la musique encore et
encore et encore, peut être un peu de guitare ou piano, manger trois
fois d'affilée des pâtes à la sauce tomate, faire une longue ballade à
vélo, faire des dessins très moches rien que pour moi, me perdre dans un
atlas.
Alors, avant le énième festival de ces vacances, j'ai pris la voiture
et je suis partie un jour plus tôt. J'ai pris deux covoitureuses parce
que ça fait du bien au porte monnaie et je suis allée à Saint Brieuc,
j'ai déposé les deux femmes et je suis repartie. J'ai longé la côte,
m'arrêtant toutes les 15 minutes, trempant les pieds et quelques fois la
tête dans la mer perce qu'il faisait quand même très chaud, attendre
d'être sèche avant de me rhabiller et de repartir. Je disais bonjour aux
personnes que je croisais, un sourire, et puis je reprenais le silence.
Une fois dans la voiture, je remettais la musique, toujours le même CD,
en boucle, et je suivais la côte, mon instinct et parfois la carte.
Et
puis je suis arrivée au Cap Fréhel. J'y étais déjà allée il y a deux
ans, c'était trop beau, alors j'y suis retournée. Et c'est toujours
aussi beau (c'est, pour l'instant, un des plus beaux endroits que j'ai
vus )(avec les gorges du Verdon). Il y a les couleurs (entre le violet
de la bruyère, le jaune des ajoncs, le grès rose, le bleu de la mer et
du ciel et le vert des fougères, on peut difficilement faire mieux),
l'odeur, le vent, le silence, des surprises (un blockhaus, un ancien
abri et une construction allemands), des petits chemins à emprunter pour
avoir un point de vue de ouf-malade, des ronces et ajoncs qui griffent
les pieds/jambes/bras/visage.
Et puis, j'ai décidé d'y dormir. J'avais la grande voiture, la break avec les sièges arrières qui se replient, de façon à pouvoir s'y allonger tranquillement. Je me suis couchée un peu tard et me suis levée tôt, pour voir le lever du soleil (un peu compromis par les nuages mais c'était quand même chouette). Je me suis assise, face à la mer, pendant une bonne heure, et j'ai regardé la lumière arriver, inonder la pointe de terre, le ciel se découvrir.
Et puis je suis repartie, au festival, parce que, quand même, les amis c'est tout aussi important.